Elle a peur des
ombres
Elles sont là
Tapies aux fonds des placards
Couchées dans les tiroirs
Rampant sous son lit.
Marion a peur des ombres.
Au petit matin la lueur
du jour viendra la sauver
Et les ombres fuiront le long des murs.
Mais pour l'instant elles se glissent
Et s'agitent au coin de l'il.
Jamais elles ne se font surprendre.
Les petites filles mortes ne peuvent plus en parler.
Marion le sait et le murmure à son lapin.
Les petites filles pensent trop parfois.
Regarder le café
noir refroidir
La tasse nichée au creux de la main.
Regarder le rideau s'agiter
Ne pas bouger du fauteuil.
Marion trop fatiguée pour se lever.
Attendre le soir et l'emprise
des ombres.
Chantonner un air doux et ancien
Dont elle a depuis longtemps oublié le nom.
Se caresser le bras droit doucement.
Attendre le soir sans y croire.
Prendre ses médicaments.
Jeter quelques mots sur le papier
Le cacher mais pas trop que l'on puisse le trouver.
Le cacher quelque part où l'oublier.
Ne pas penser à maman morte qui l'attend.
Si dur de se sentir en vie.
Si dur de rester auprès de soi.
Clore ses paupières
sans crainte.
Rythme sourd du sang lourd.
Retirer son bracelet d'argent
Le déposer sous son oreiller
Puis s'allonger lumière allumée.
Comment fait-on pour appeler les rêves
N'entendre que les anges
Ne plus voir les ombres.
Et ne pas s'ouvrir les veines
Ne pas s'ouvrir les veines
Ne pas s'ouvrir
Ne pas
|